Je viens de la Renaissance

Lors d’un entretien réalisé en 2018, au pied de Sentry Hill, Cynric Griffith a raconté l’histoire de sa première rencontre avec la Reine des Pays-Bas et d’autres histoires sur sa carrière d’artiste et d’enseignant.

Je m’appelle Cynric Griffith. Je suis né sur l’île de Saint-Christophe le 1er janvier 1919. Je suis arrivé à Saint-Martin en 1956 et depuis lors, bien des choses se sont passées.

Je suis portraitiste maintenant, et je peins des paysages. Je viens de la Renaissance, de l’époque de Rembrandt. Je continue à peindre. Plus précisément, je fais des dessins à la plume et à l’encre, et des choses comme ça, vous voyez. Il me semble que chaque sujet sur lequel je travaille fait partie de moi, vous voyez. Je n’ai pas le choix, un jour je peux prendre mon pinceau et ma palette et commencer à travailler à la peinture à l’huile. Un autre jour, j’utilise la plume et l’encre, et la fois suivante l’aquarelle.

Lorsque j’étais à l’hôtel Pasanggrahan, mon patron m’a dit : « La Reine arrive ! » Elle descendait à l’hôtel Little Bay. Il m’a dit : « J’ai besoin de ton aide, il faut que tu la serves et que tu portes une veste blanche, une cravate noire et un pantalon noir. »

M. Wathey [le Commissaire de l’île à l’époque] est venu me voir un jour et m’a dit : « Vous savez, la Reine va venir ici, et voilà ce que vous allez faire : vous allez monter sur la colline et peindre une tableau de l’endroit où la Reine va couper le ruban pour le nouvel aéroport. »

C’est ce que j’ai fait, et quand la Reine est venue, on m’a demandé de lui servir le café. M. Wathey m’a apporté le tableau pour le remettre à la Reine, je crois que c’était quelques heures après lui avoir servi le café. Elle a levé les yeux et m’a dit : « Ne vous ai-je pas déjà vu quelque part ? » J’ai répondu : « Oui, je vous ai servi le café ! » C’est ainsi que ça s’est passé. À partir de ce jour, j’étais toujours invité, quand elle venait, à des réceptions et autres événements.

J’ai reçu un appel de la St. Maarten Academy, la nouvelle école. Ils m’ont dit : « Voulez-vous enseigner ? » J’ai répondu : « Oui. » J’y suis donc allé et j’y ai enseigné pendant neuf ans. Il n’y avait pas de boutique, pas de magasin qui vendait quoi que ce soit [comme fournitures d’art], alors j’ai apporté du matériel. L’école n’avait ni papier ni matériel pour travailler, alors je leur en ai donné à tous. Je les amenais tous ici même, à cet endroit, dans les collines. On montait jusqu’en haut et on regardait autour de nous et on peignait toutes les maisons, tout ce qu’on voyait.

Aujourd’hui, j’ai des surprises de temps en temps. Parfois quand je suis assis dehors sur le porche, j’entends une voix : « Vous êtes M. Griffith ? » Alors je lève les yeux et je dis : « Oui, qui êtes-vous ? » « Vous ne vous souvenez pas ? Vous étiez notre professeur et vous nous emmeniez tous dans les collines pour dessiner. » Vous savez, ça fait plaisir. J’ai accompli quelque chose, j’ai apporté quelque chose. Et ça continue comme ça de jour en jour.

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